Nés en 2009 à Amsterdam (Pays-Bas) sur une idée de Martine Postma, une journaliste engagée dans la réduction des déchets, les Repair Cafés sont devenus en moins de quinze ans une « success story » planétaire. On en compte à ce jour plus de 3 300 répartis dans 40 pays à travers le monde, dont plus de 90% en Europe. Le concept était simple : créer des espaces gratuits et conviviaux où des bénévoles aident les participants à réparer leurs objets du quotidien – électroménager, vêtements, vélos, jouets ou petits meubles – afin de lutter contre le gaspillage et pour prolonger la durée de vie des produits.
Un Repair Café réunit des bénévoles bricoleurs – électriciens, couturières, informaticiens, mécaniciens, etc. – et des habitants venus redonner vie à leurs objets. Autrement dit, des citoyens viennent apprendre à les réparer plutôt que de les jeter. On y trouve des outils, des pièces de rechange et aussi beaucoup de bonne humeur. Le fonctionnement est limpide : on s’inscrit (souvent gratuitement), un bénévole établit un diagnostic ; puis la réparation se fait main dans la main avec le propriétaire, dans un esprit d’apprentissage. Chaque atelier a ses spécialités : remplacement de résistance sur une cafetière, couture d’un ourlet, changement d’une chambre à air sur un pneu ou encore remise en marche d’un ordinateur.
Certains Repair Cafés fonctionnent de manière fixe (un lieu permanent), d’autres sont itinérants, organisés une à deux fois par mois dans différentes communes. Ils sont souvent hébergés dans des maisons de quartier, des médiathèques ou des mairies. Leur modèle repose à 100 % sur le bénévolat et la solidarité locale : ils ne vendent rien et ne font pas concurrence aux réparateurs professionnels. C’est du gagnant-gagnant. Le premier Repair Café français a ouvert à Paris en 2013, suivi rapidement par d’autres en Île-de-France et dans le Nord. Les premiers relais associatifs étaient surtout portés par des structures comme Les Amis de la Terre et les collectifs zéro déchet.
Et puis, entre 2015 et 2020, le mouvement a littéralement explosé dans le pays. De 50 Repair Cafés en France en 2015, on est passé à 400 en 2020 et à plus de 1 000 aujourd’hui. L’une des clefs de cette expansion a été la promulgation de la loi AGEC (Anti-Gaspillage pour une Économie Circulaire) en 2020, puis la reconnaissance des Repair Cafés comme un acteur clefs de « l’économie circulaire » par le ministère de la Transition écologique en 2021. Le mouvement compte à ce jour 40 000 bénévoles actifs qui réparent en moyenne plus de 10 000 objets par mois (80% de réparations réussies), si bien que ce sont plus de 10 000 tonnes d’objets qui sont sauvées de la poubelle chaque année.
Comme on peut s’en douter, les anecdotes ne manquent pas dans ce brassage de gens et d’objets. En voici quelques-unes : dans un Repair Café d’Amsterdam, une vieille cafetière a par exemple été réparée douze fois en dix ans. Chaque fois qu’elle retombait en panne, un nouveau bénévole la reprenait en main. Résultat : elle fonctionne toujours, un symbole de durabilité et de coopération intergénérationnelle.
À Lille, un participant est arrivé avec un ordinateur Compaq de 1995 pour tenter d’en extraire des photos perdues. Après deux heures passées dessus, un bénévole passionné d’informatique est parvenu à accéder au disque dur. Résultat : des photos de mariage perdues depuis 25 ans retrouvées. C’est d’ailleurs le Repair Café de Lille qui détient un record datant de 2023 : plus de 110 objets réparés en une seule journée, avec 35 bénévoles et 250 visiteurs dont certains étaient seulement venus « voir l’ambiance », une nouvelle preuve que ces lieux constituent aussi des espaces qui favorisent le partage et le lien social…
Pour trouver un Repair café près de chez vous : https://franceukrainenews.org/xpea
Christophe Carmarans pour France Ukraine News
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