C’est peu de dire qu’ils reviennent de loin, les footballeurs ukrainiens, qualifiés in-extremis pour l’Euro 2024 en Allemagne (14 juin – 14 juillet), leur troisième qualification d’affilée (en 2012 l’Ukraine était co-organisatrice avec la Pologne). Le parcours des « Zhovto-Blakytni » (les Jaune et Bleu) a en effet été indécis jusqu’au bout. Pas gâtés au tirage au sort qui leur proposait en têtes de série l’Angleterre et l’Italie, les deux finalistes de la précédente édition, les hommes de Sergueï Rebrov ont terminé troisième du groupe C avec 13 pts, juste derrière les Italiens, un total qui leur a permis de disputer deux tours de barrages au mois de mars.
Lors de ces deux séances de rattrapage, l’Ukraine s’est fait peur à chaque fois. D’abord en demi-finale le 21 mars à Zenica contre la Bosnie-Herzégovine contre qui elle était menée 1-0 à moins de 10 mn de la fin, avant d’être sauvée par deux buts tardifs signés Yaremchuk (85e) puis Dovbyk (88e). Cinq jours plus tard, le scénario s’est répété contre l’Islande à Wroclaw (Pologne) : ouverture du score par Gundmundsson en 1ère mi-temps, égalisation de Tsygankov à la 54e mn, suivie du but libérateur de Mudryk à la 84e mn, la frappe croisée du jeune milieu de terrain de Chelsea délivrant tout un peuple qui avait tellement besoin de de cette qualification pour oublier, ne serait-ce que quelques instants, les épreuves de la guerre.
Pour la première fois de son histoire, l’Euro comptera en effet un pays en guerre en phase finale, trente-deux ans après l’édition 1992 qui avait vu la Yougoslavie renoncer au dernier moment au profit du Danemark pour cause de conflit. Suite à l’invasion russe du 24 février 2022, le football ukrainien s’est organisé pour survivre malgré les difficultés. Ainsi l’équipe nationale a-t-elle dû disputer tous ses matchs « à domicile » en Pologne, par souci de sécurité.
Des conditions particulières
Au pays, le championnat aussi a quand même continué mais dans des conditions bien particulières comme l’expliquait récemment dans L’Équipe Magazine Andreï Chevtchenko, Ballon d’Or 2004 et président de la Fédération ukrainienne depuis le mois de janvier. « Le règlement implique qu’on doit disposer d’abris pour se protéger des bombardements dans tous les stades », racontait-il. « Ainsi, pour chaque match, on peut accueillir autant de supporters que l’abri peut contenir de personnes car on doit pouvoir protéger tout le monde en cas d’alerte. Il y a régulièrement des rencontres interrompues par les alertes notamment pour celles qui se jouent non loin de la ligne de front, comme à Dnipro » poursuivait-il.
Contrairement aux éliminatoires, le tirage au sort a été relativement clément pour les Jaune et Bleu pour cet Euro en Allemagne. Derrière la Belgique, actuelle n.3 au classement Fifa, l’Ukraine (22e) semble mieux armée que ses deux autres adversaires : la Roumanie (46e) et la Slovaquie (48e). Une participation aux 1/8e de finale paraît donc dans les cordes pour l’Ukraine qui présente un bon mix entre jeunes et plus anciens et entre ceux qui évoluent à l’étranger et ceux qui sont restés au pays (12 sur 26).
Parmi les exilés, on surveillera le piston gauche Oleksandr Zinchenko (Arsenal), les milieux de terrain Mykhailo Mudryk (Chelsea) et Ruslan Malinovskyi (Genoa), l’attaquant Roman Yaremchuk (Valence) ainsi que trois des succès de la saison : le gardien Andriy Lounine (Real Madrid) et le duo de Gérone, Viktor Tsygankov – Artem Dovbyk, le meilleur buteur du championnat espagnol à la surprise générale avec 24 buts Quart de finaliste en 2021 (défaite 4-0 contre l’Angleterre), la sélection ukrainienne aura probablement du mal à faire beaucoup mieux. À moins que l’élan qu’elle a suscité dans tout le pays et même au-delà ne lui donne les forces nécessaires pour viser plus haut encore.
Le programme de l’Ukraine à l’Euro 2024
- Lundi 17 juin : Ukraine – Roumanie à Munich à 15h00
- Vendredi 21 juin : Ukraine – Slovaquie à Düsseldorf à 15h00
- Mercredi 26 juin : Ukraine – Belgique à Stuttgart à 18h00
Christophe Carmarans pour France Ukraine News
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