Les Jeux olympiques ont toujours occupé une place privilégiée en Ukraine. Nombre de sportifs ukrainiens s’étaient déjà illustrés du temps de l’URSS comme Valéry Borzov, champion olympique sur 100 m et 200 m à Munich en 1972, Youri Sedykh, trois fois médaillé (2 en or) au lancer du marteau entre 1976 et 1988, ou encore Sergei Bubka maître incontesté du saut à la perche durant plus de quinze ans mais souvent malheureux aux J.O. (une seule médaille d’or en 1988 à Séoul).
Dans ce décompte, on n’oublie pas non plus le nombre significatif d’Ukrainiens qui ont participé aux fertiles moissons de médailles soviétiques dans les sports par équipes depuis 1952, date de la première participation de l’URSS aux J.O. : basket-ball, volley-ball, handball, water-polo, football ou encore escrime. Cette tradition de briller aux Jeux ne s’est pas démentie, une fois acquise l’indépendance en 1991, loin de là.
Depuis sa participation en tant que pays à part entière aux Jeux d’Atlanta en 1996 (nb : en 1992, les pays de l’ex-URSS concourraient sous la bannière de la Communauté des États Indépendants ou CEI …), l’Ukraine a amassé quelque 139 médailles (35 en or, 36 en argent et 68 en bronze), un total qui place le pays dans le top 20 des nations sur la période. Ce n’est pas un mince accomplissement, au regard de l’Histoire.
Trois ans après des JO de Tokyo 2021 réussis, sans plus : 19 médailles mais une seule en or en lutte gréco-romaine (grâce à Zhan Beleniouk député depuis 2019 sous les couleurs de Serviteur du Peuple, le parti de Volodymyr Zelensky), les Ukrainiens aspirent à faire un peu mieux à Paris, au moins pour les médailles d’or. Une athlète en particulier porte les espoirs de la nation : Yaroslava Mahuchikh au saut en hauteur féminin. Déjà médaillée de bronze à Tokyo en 2021, la native de Dnipro vient juste d’améliorer d’1 cm l’un des plus anciens records du monde en athlétisme, celui qui était détenu depuis 1987 par la Bulgare Stefka Kostadinova avec un saut 2,10 m contre 2,09 m.
Le fait que Mahuchikh ait établi cette performance au meeting de Paris le 7 juillet dernier au Stade Charléty peut être vu comme un bon signe, elle qui a dédié sa performance à tous les soldats qui lui écrivent des messages d’encouragement depuis le front. Derrière cette porte-drapeau, l’Ukraine comptera sur les gymnastes Ilia Kovtun (20 ans), sacré récemment champion d’Europe à la barre fixe et aux barres parallèles et sur le vétéran Igor Radvilov (31 ans) médaillé de bronze aux J.O. de Londres 2012 au saut de cheval. Autre discipline porteuse d’espoirs : la boxe où Oleksandr Khyzhniak (médaillé de d’argent à Tokyo chez les moins de 75 kg) tentera sa chance dans la catégorie supérieure et sur Dmytro Lovchynskyi qui a fait forte impression chez les lourds au tournoi de qualification olympique de Bangkok en juin dernier.
L’Ukraine aura également des chances de médailles en natation artistique et en canoë-kayak même s’il faut préciser que la guerre a fortement perturbé la préparation des J.O. 2024, des centaines d’installations sportives ayant été endommagées ou détruites dans le pays depuis l’invasion du 24 février 2022. Au total,140 athlètes vont quand même représenter l’Ukraine dans 26 disciplines sur 32 à Paris contre 155 il y a trois ans, à Tokyo.
Reste une question sensible qui demeure : que se passera-t-il si un athlète ukrainien croise la route d’un athlète russe ou biélorusse durant les Jeux de Paris ? Des athlètes de ces deux pays en guerre contre l’Ukraine ont en effet été autorisés à participer, à condition de le faire à titre individuel et sous bannière neutre. Ils ne seront, aux dernières nouvelles, que 16 Russes et 17 Biélorusses à Paris 2024. Le ministre ukrainien des sports Matviy Bidny a néanmoins recommandé à ses compatriotes de « garder la tête froide » dans ce cas de figure et de ne pas céder aux éventuelles « provocations ». « Nous considérons les athlètes russes comme des agents d’influence hybride » a ajouté le ministre dans un entretien accordé au quotidien anglais The Guardian.
Christophe Carmarans pour France Ukraine News
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