Même si le Comité International Olympique (CIO) travaille à l’intégration des athlètes russes et biélorusses sous bannière neutre aux JO de Paris 2024, le sujet faisait débat mardi en France, à 500 jours de la cérémonie d’ouverture.
Ce n’est pas la première fois que la géopolitique remet en question la participation d’athlètes de certains pays à des Jeux olympiques (on se souvient entre autres des boycotts africains de 1976, américains, canadiens et allemands de1980 ou du Bloc de l’Est en 1984). Le débat s’amplifie néanmoins de jour en jour autour de la participation des athlètes russes et biélorusses aux JO de Paris (du 26 juillet au 11 août 2024), suite à l’agression de l’Ukraine par la Russie, soutenue par la Biélorussie, le 24 février 2022.
L’escrime aux avant-postes
La tension est encore montée d’un cran le 10 mars, date à laquelle la Fédération internationale d’escrime (FIE) a approuvé le retour en compétition des athlètes russes et biélorusses sous bannière neutre, un an après leur exclusion en raison de la guerre en Ukraine. L’escrime devenait ainsi la première instance sportive internationale à agir de la sorte.
Le fait que cette Fédération ait été dirigée pendant 14 ans par l’oligarque Alicher Ousmanov, un proche de Vladimir Poutine remplacé dans cette fonction de président de la FIE à titre intérimaire depuis un an par le grec Emmanuel Katsiadakis, n’est probablement pas étranger à cette réintégration, pas plus que celui que la société russe Gazprom soit le principal sponsor des escrimeurs russes, comme cela est d’ailleurs le cas dans d’autres sports.
Cette manœuvre des escrimeurs semble aller dans le sens du CIO (Comité International Olympique) qui après avoir « recommandé » l’exclusion des Russes et des Biélorusses des compétitions internationales fin février 2022 a annoncé en décembre dernier dans une volte-face vouloir « explorer les moyens » de les ramener dans le giron du sport mondial. Il ne faut pas s’y tromper : même si – c’est un exemple – la maire de Paris Anne Hidalgo ainsi que d’autres figures politiques françaises se sont déclarées farouchement opposées à la venue des Russes et des Biélorusses aux JO de 2024, Mme Hidalgo n’a strictement aucun mandat en la matière. C’est en effet au CIO, et à lui seul, que reviendra le pouvoir de décision.
D’ici fin 2023, date à laquelle le président du CIO, l’Allemand Thomas Bach, fera connaître son verdict sur ce sujet extrêmement délicat, des tractations de part et d’autre vont avoir lieu. Lors d’une visioconférence avec les ministres des sports de nombreux pays, le président Volodymyr Zelensly n’a pas mâché ses mots : « Deux-cent-vingt-huit athlètes et entraîneurs ukrainiens sont morts durant cette année d’agression russe contre l’Ukraine. Deux-cent-vingt-huit ! Alors que la Russie tue et terrorise, les représentants de l’État terroriste n’ont pas leur place dans les sports et les compétitions olympiques. Et cela ne peut être couvert par une prétendue neutralité ou un drapeau blanc » s’est-il indigné.
Le CIO seul maître à bord ?
Même si la force de persuasion du président Zelensky n’est plus à démontrer, il aura fort à faire. Alors, doit-on envisager en dernier ressort un boycott de l’Ukraine, qui pourrait être suivie par les pays baltes, la Pologne ou d’autres ? Cela n’est pas totalement à exclure mais cela reviendrait à punir des athlètes qui ne sont absolument pour rien dans ce conflit. Contrairement à certains athlètes russes – pas tous évidemment – qui font partie de l’armée ou sont membres de clubs proche de l’armée et de la police de leur pays tels le CSKA ou le Dynamo.
Invitée dans la matinale de la radio France Inter mardi 14 mars, la ministre française des Sports, Amélie Oudéa-Castéra, semblait pencher pour une participation des Russes et Biélorusses sous bannière neutre : « On est dans une phase d’intensification des sanctions contre le pouvoir russe qui est à l’origine de cette agression, déclarait-elle. D’un autre côté, il y a un principe onusien de non discrimination des personnes en raison de leur passeport ». « Le président de la République (Emmanuel Macron) a indiqué qu’il s’exprimerait là-dessus cet été », a-t-elle poursuivi. Il n’en demeure pas moins que c’est bien le CIO qui tranchera en dernier ressort, après que Thomas Bach aura recueilli les avis des différentes fédérations sportives et aussi des principaux chefs de gouvernement.
Christophe Carmarans pour FranceUkraineNews
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