Après une victoire retentissante de l’extrême droite menée par Jordan Bardella, lors des élections européennes, le président français Emmanuel Macron a dissous l’Assemblée nationale. Les citoyens sont donc invités à se rendre de nouveau aux urnes, le 30 juin et 7 juillet prochains, pour des élections législatives anticipées. Un scrutin à haut risque.
Les résultats des Européennes ont bouleversé la France le 9 juin dernier. La liste Renaissance, du parti présidentiel, menée par Valérie Hayer, a récolté un score deux fois moins important que celui de son principal concurrent, Jordan Bardella du Rassemblement national. Le chef de l’Etat a pris tout de suite la parole, lors d’une allocution télévisée et a annoncé la dissolution de l’Assemblée nationale. Cette décision inattendue a provoqué comme un coup de tonnerre dans le paysage politique français ; elle est pourtant la sixième du genre utilisée sous la Ve République. Ses prédécesseurs, François Mitterrand ainsi que Charles de Gaulle, l’avaient chacun appliquée deux fois.
Pourquoi cette soudaine décision ? Il est nécessaire de remonter aux dernières élections présidentielles de 2022. Emmanuel Macron est réélu pour un second mandat, mais les législatives qui suivent ne lui sont pas favorables et il n’obtient pas une majorité absolue au sein de l’Assemblée nationale. Le seul moyen pour lui de faire voter ses réformes et assurer la continuité du pouvoir était de chercher des soutiens parmi ses opposants de la droite et de la gauche ou de recourir au fameux article 49.3, une sorte de passage en force. Il était donc déjà placé dans une position inconfortable qui affaiblissait son parti. Le résultat des Européennes constitue le point de bascule.
Aujourd’hui, le président français propose donc une nouvelle redistribution des cartes pour tenter de retrouver sa position de maître du jeu politique. L’objectif est désormais de mobiliser les électeurs afin de créer un contre-courant face à la vague déferlante du RN.
La campagne électorale
4 000 candidats se présentent dans les 577 circonscriptions électorales françaises. Le scrutin majoritaire à deux tours invite chaque votant à élire le représentant de sa circonscription. Un candidat peut gagner le premier tour lorsqu’il détient plus de 50 % des voix et un nombre de voix au moins égal à 25 % du nombre des électeurs inscrits.
Si aucun candidat ne remporte assez de suffrages, le second tour permettra de choisir entre les deux ou trois premiers arrivés en tête. Les députés qui siègeront à l’Assemblée nationale seront ensuite chargés d’exercer le pouvoir législatif. Leur rôle est de discuter des projets de lois, puis de voter les textes et parallèlement de contrôler les actions du gouvernement.
Les risques au lendemain du 7 juillet
Selon les sondages, le RN se placerait en tête avec plus de 33 % d’intentions de vote. Le parti présidentiel se positionne actuellement au troisième rang, derrière le Nouveau Front populaire. Le coup de poker est risqué : soit Emmanuel Macron obtient la majorité absolue et a la possibilité de gouverner avec davantage de latitude, soit il se contente d’une majorité relative ; il devra alors chercher des soutiens d’autres groupes politiques et gouverner en minorité mais avec le Premier ministre de son choix.
Troisième possibilité : la cohabitation. Un candidat de l’opposition remporte la majorité absolue. Dans ce cas, le président de la République doit nommer un Premier ministre qui provient du parti arrivé en tête lors du scrutin. Dès lors, la situation risque de devenir conflictuelle. Il sera alors compliqué pour le chef de l’Etat de gouverner et de faire passer ses réformes. S’il envisage une nouvelle dissolution, un an minimum de délai est requis. Le gouvernement de Gabriel Attal, Premier ministre, reste de toute façon en place jusqu’au 8 juillet. Il sera renouvelé, aménagé, ou remplacé en cas de défaite.
Si le parti d’extrême droite du RN ressort victorieux, ce sont leurs propositions à propos des étrangers qui préoccupent. Parmi celles-ci : empêcher les personnes avec une double nationalité d’occuper des postes « sensibles », revenir sur le droit du sol, réserver les aides sociales aux Français. Un tournant politique qui peut s’avérer très délicat à moins de trois semaines des Jeux olympiques de Paris.
Lisa ASTIER pour France Ukraine News
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