Les superstitions en France sont ancrées dans la culture populaire, bien qu’elles tombent peu à peu en désuétude. Certaines sont héritées de croyances anciennes, d’autres ont évolué avec le temps. Il y a d’abord les superstitions liées à la chance ou à la malchance. Ainsi, passer sous une échelle porte soi-disant malheur, car cela rompt symboliquement la Trinité, l’échelle adossée à un mur formant un triangle. Accessoirement, cela peut augmenter les probabilités de recevoir un objet ou un outil sur la tête…
Renverser du sel à table aussi est un mauvais présage. Les origines de cette croyance sont diverses. D’abord, le sel était autrefois une denrée précieuse, utilisée comme monnaie d’échange et pour conserver les aliments. En renverser était considéré comme du gaspillage et donc un signe de malchance. Au Moyen Âge, on croyait aussi que le Diable était attiré par le sel. Renverser du sel signifiait donc inviter les mauvais esprits. Autre explication, dans « La Cène » peinte par Léonard de Vinci, Judas Iscariote (celui qui trahit Jésus-Christ) a renversé du sel sur la table. Ce détail a renforcé l’idée que renverser du sel était un mauvais présage. Pour contrer cette malédiction, la tradition dit qu’il faut jeter une pincée de sel par-dessus son épaule gauche pour aveugler le Diable.
Ouvrir un parapluie à l’intérieur est également censé porter malheur, car les parapluies anciens avaient des mécanismes dangereux et l’on pouvait se pincer les doigts en les ouvrant.
Sachez aussi que briser un miroir signifie sept ans de malheur, une légende qui remonte à la Rome antique où l’on pensait que la vie humaine se renouvelait par cycles de sept ans. Un miroir cassé symbolisait donc sept ans de troubles avant le prochain cycle.
Le chiffre 13 est, lui, considéré comme un nombre malchanceux. Certaines personnes évitent les dîners à 13 convives, référence au dernier repas de Jésus avec ses douze apôtres. Dans certains bâtiments avec ascenseurs, on supprime même le 13ᵉ étage et l’on passe directement du 12ᵉ au 14ᵉ.
Autre thème : les superstitions liées aux animaux. Un chat noir qui traverse la route est mauvais signe, héritage du Moyen Âge où ils étaient associés à la sorcellerie. Entendre un hibou la nuit peut annoncer la mort ou un mauvais présage dans certaines régions. Le hibou était en effet associé à la déesse Hécate, divinité des ténèbres et de la sorcellerie.
Il existe aussi des superstitions liées aux gestes comme poser son pain à l’envers sur la table. La raison : au Moyen Âge, les boulangers réservaient les pains retournés aux bourreaux. Croiser les couverts est également mauvais signe, car cela rappelle la croix du supplice du Christ. Offrir un couteau n’est pas conseillé non plus car il peut « couper » une amitié, à moins que le destinataire ne donne une pièce symbolique en retour. Poser un chapeau sur un lit peut aussi apporter la malchance, car autrefois, les prêtres posaient le leur sur le lit d’un mourant.
Il y a enfin les superstitions liées aux dates. Les vendredis 13 sont considérés comme un jour de malheur par les uns (car Jésus-Christ a été crucifié un vendredi) ou comme un jour de bonheur pour les autres, surtout par ceux qui jouent aux jeux de hasard. Se marier en mai était autrefois de mauvais augure, selon l’adage « Mariage en mai, mariage mortel » car dans la Rome antique, le mois de mai était le mois des morts. De surcroît, mai était un mois crucial pour l’agriculture, avec des travaux intensifs dans les champs. Ce n’était pas le moment de faire la fête !
On préfère dire « Merde ! » en référence aux crottins des chevaux devant les théâtres, ce qui était le signe d’un public venu nombreux.
Sachez enfin que dire « bonne chance » à un artiste avant une représentation est mal vu. On préfère dire « Merde ! », une tradition qui remonte à l’époque où les théâtres étaient entourés de fiacres tirés par des chevaux. Plus il y avait de spectateurs, plus le nombre de fiacres augmentait, et donc, plus il y avait de crottins devant le théâtre. Ainsi, une grande quantité de crottins était perçue comme un signe de succès pour la pièce.
De même, au théâtre, porter du vert est déconseillé, car la légende (fausse en réalité) veut que Molière portât du vert lorsqu’il est mort, quelques heures après sa dernière représentation du Malade Imaginaire.
Pour conjurer le mauvais sort, on conclura avec cette citation malicieuse de l’humoriste Raymond Devos : « Je ne suis pas superstitieux, ça porte malheur ! »
Christophe Carmarans pour France Ukraine News
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