Peut-être, vous êtes-vous déjà demandé pourquoi les bouteilles de vin faisaient 75 centilitres de contenance et non pas 1 litre, voire 1,5 litre comme c’est le cas pour de nombreux liquides de grande consommation (lait, jus de fruit, sodas, huiles, mais aussi lessives et produits ménagers) ? Étonnamment, il faut trouver l’origine de cette mesure en Angleterre, pays qui demeure pourtant rétif au système décimal.
Pour comprendre, il faut d’abord remonter au XVIIIe siècle. À cette époque, les principaux acheteurs de vin étaient les Britanniques qui utilisaient le gallon impérial comme unité de mesure. Un gallon équivalait à 4,546 litres, mesure qui était pratique pour le conditionnement du vin en barriques de 225 litres, soit grosso modo 50 gallons. En divisant cette quantité en bouteilles, les marchands de vin obtenaient 300 bouteilles de 75 cl par barrique, ce qui leur permettait d’effectuer facilement leurs conversions entre les systèmes de mesure français (litres) et anglais (gallons).
La pratique s’est également adaptée aux modes de consommation du vin. Une bouteille de 75 cl est une taille idéale pour un repas à deux personnes. De surcroît, cette contenance limite l’oxydation du vin, une fois la bouteille ouverte. L’oxydation, c’est le phénomène chimique qui se produit lorsque le vin est exposé à l’air, car cela entraîne des modifications de la couleur, de l’arôme et du goût du vin. Autre avantage : la bouteille de 75 cl est suffisamment légère pour être manipulée facilement.
Avec le temps, cette contenance de 75 cl est devenue une référence, notamment avec la standardisation européenne et internationale des bouteilles, conformément à une directive de la Commission européenne qui a définitivement entériné ce format de 75 cl en 1977. Aujourd’hui, la grande majorité des vins sont conditionnés en bouteilles de 75 cl, bien que d’autres formats existent, notamment celui d’1 litre qui a eu cours en France entre les années 1950 et les années 1970 ou la demi-bouteille de 37,5 cl, également appelée « fillette », supplantée de plus en plus par celle de 50 cl, soit un demi-litre ou par le pot lyonnais (46 cl), essentiellement utilisé dans la région de Lyon, comme son nom l’indique.
Sachez néanmoins que les grands volumes sont un gage pour le bon vieillissement du vin car ils retardent l’oxydation. Les Magnums (1,5 L), voire les Jéroboams (3 L pour le vin rouge, 5 L pour le champagne), sont en effet très prisés des amateurs car ils garantissent une meilleure conservation. Sachez aussi qu’il existe des tailles de bouteille encore plus grandes (surtout pour le champagne) avec des noms exotiques à l’origine biblique : Mathusalem (6 L), Salmanazar (9 L), Balthazar (12 L), Nabuchodonosor (15 L). Encore plus rares : le Salomon ou Melchior (18 L), le Souverain (25 L), le Primat (27 L) et enfin le Melchisédech (30 L), des bouteilles hors normes qui ne sont guère faciles à manier et qui sont le plus souvent présentées lors d’occasions spéciales (mariages, dîners de gala, soirées VIP, podiums de Formule 1, fêtes viticoles, etc.)
Le meilleur moyen de conserver le vin, que ce soit pour une courte ou une longue durée, c’est d’abord de l’entreposer dans une cave – ou, à défaut, dans une pièce – où la lumière du jour ne rentre pas et à une température située entre 10 et 14 degrés. Attention : ne jamais dépasser les 18 degrés car cela accélère le vieillissement des arômes. Les bouteilles doivent être couchées à l’horizontale pour les bouteilles avec bouchon en liège car cela maintient le bouchon humide et empêche l’oxygène de pénétrer. En revanche, il vaut mieux laisser les bouteilles debout pour les vins avec bouchon à vis ou synthétique, car il n’y a pas de risque de dessèchement. Idéalement, l’humidité doit être contrôlée entre 60 et 80 % pour éviter le dessèchement du bouchon. Une humidité trop faible peut en effet rendre le bouchon perméable à l’air, tandis qu’une humidité excessive favorise la moisissure sur les étiquettes. À votre santé !
Christophe Carmarans pour France Ukraine News
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