La baisse du nombre de naissances se confirme en France. Elle est même à un nouveau point bas historique. Pourquoi les Français font-ils de moins en moins de bébés ? Explications.
Les Français ne veulent-ils plus faire de bébés ? On comptabilise en tout cas de moins en moins de naissances depuis de nombreuses années. Depuis 2011, le nombre de naissances a reculé chaque année en France, à l’exception notable de 2021, qui a connu un léger rebond après les confinements liés au Covid-19.
L’année 2022 avait vu la naissance de 726.000 bébés en France, un nombre déjà en recul de 2,2% par rapport à 2021. Il s’agissait du nombre de naissances le plus bas depuis la fin de la Seconde guerre mondiale. Cette baisse se confirme pour 2023, selon les chiffres de l’Insee, l’Institut national de la statistique et des études économiques.
En cumul, sur la période allant de janvier à mai, on compte près de 20 000 naissances de moins en 2023 qu’en 2022 (soit une baisse de 6,7 %). Mai 2023 enregistrait seulement 1 842 naissances en moyenne chaque jour, soit 57 100 sur l’ensemble du mois. Et novembre 2023 marquait le 17e mois consécutif de recul, lorsqu’on compare à la même période de l’année précédente, précise l’Insee. Le taux de natalité est à un plus bas historique.
Des facteurs démographiques et conjoncturels
La tendance est générale, durable et elle s’observe dans toutes les régions, sans exception. Comment expliquer cette diminution constante ? L’Insee met d’abord en avant un facteur démographique : le nombre de femmes de 20 à 40 ans, donc en âge de procréer, a diminué. Et puis si les femmes procréent moins, c’est peut-être en raison de facteurs sociaux. « Pour fonder une famille, il faut avoir de l’espoir. Or les jeunes générations sont peut-être plus habitées par l’inquiétude quant à leur avenir », commente auprès de l’AFP (Agence France Presse) Catherine Scornet, maîtresse de conférence à l’Université d’Aix-Marseille.
La conjoncture économique incertaine, marquée par une forte inflation, le contexte de guerre en Ukraine et au Moyen-Orient ainsi que le réchauffement climatique créent ainsi un « climat d’incertitude » qui peut freiner l’envie d’avoir un enfant, ajoute-t-elle.
Un sacrifice insurmontable ?
La sociologue et démographe évoque encore des questions liées à « l’émancipation individuelle », soit un désir de liberté plus présent peut-être chez les nouvelles générations. Ainsi, « les femmes diplômées sont celles qui se projettent le plus en dehors de la maternité, elles s’investissent et s’épanouissent dans d’autres domaines personnels ou professionnels », précise Catherine Scornet.
Pourtant, « les personnes qui hésitent à franchir le pas et à avoir un enfant voient que cela n’implique pas un sacrifice insurmontable », indique à l’AFP Laurent Toulemon, directeur de recherche à l’Institut national d’études démographiques (Ined). En revanche, les mesures natalistes qui consistent à donner une prime financière à l’occasion d’une naissance restent peu efficaces. « Les gens savent que faire des enfants impliquent des dépenses sur le long terme », souligne le démographe, même si les politiques publiques rendent la vie un peu plus facile aux parents.
En effet en France, il existe une politique familiale, un socle considéré comme solide depuis des décennies. Et quelles seraient les conséquences de cette dénatalité continue dans un pays où la population active représente encore quelque 40% de la population totale ? Il semble qu’il n’y a pas de raison –urgente- de s’alarmer car l’État peut en fait jouer sur d’autres leviers afin de compenser les déficits, par exemple en favorisant l’emploi des seniors et des femmes ou avoir recours à l’immigration, surtout dans des secteurs où le manque de main d’œuvre fait cruellement défaut, comme le bâtiment ou la restauration.
Didier ROUGEYRON pour France Ukraine News
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