C’est ce que tente de comprendre le rapport « Fuir l’Ukraine », publié par L’Agence européenne des droits fondamentaux. Pour cela, l’Agence a enquêté auprès de 14500 Ukrainiens dans 10 pays d’Europe, en août et septembre 2022, pour identifier leurs difficultés pratiques en matière de langue, logement, éducation, travail, coût de la vie et santé. Les 10 pays retenus étaient : Allemagne, Bulgarie, Espagne, Estonie, Hongrie, Italie, Pologne, Roumanie, Slovaquie et République tchèque*.
Voici les chiffres les plus marquants qui ressortent de cette enquête :
Langue : Seuls 10 % des Ukrainiens de plus de 12 ans interrogés ont déclaré pouvoir parler couramment la langue de leur pays d’accueil. Bien que 23 % des personnes suivent des cours de langue, le fait de ne pas connaître la langue du pays d’accueil reste la principale raison pour laquelle les personnes abandonnent leurs études, ne travaillent pas ou rencontrent des difficultés pour obtenir des soins de santé.
Logement : 59% des personnes paient leur logement, mais elles doivent souvent partager des installations (toilettes, cuisine). Beaucoup n’ont pas d’intimité ou d’espace calme pour que leurs enfants puissent étudier. Parmi les réfugiés qui ne paient pas payer de loyer, 18 % effectuent des travaux ménagers ou s’occupent d’enfants ou de personnes âgées, en échange de leur logement.
Education : 59 % des enfants ukrainiens suivent un enseignement en ligne dans une école ukrainienne, ou étudient avec du matériel ou des supports ukrainiens. 71 % des enfants scolarisés n’ont appris, à l’école, aucune matière dans la langue qu’ils parlent principalement à la maison.
Moral : 49 % des répondants se sentent démoralisés et déprimés depuis leur arrivée dans le pays d’accueil, et presque la moitié des jeunes enfants affrontent des difficultés pour dormir et/ou se concentrer.
Santé : Plus de la moitié des personnes interrogées souffrent d’une maladie ou d’un problème de santé de longue date, et près d’un tiers d’entre elles ont des difficultés à accéder aux soins à cause de la langue, ou du fait qu’elles ne savent pas où et à qui s’adresser.
Travail : seul 1 Ukrainien sur 3 a un emploi rémunéré. 48% de ceux qui ont un emploi déclarent qu’il est inférieur à leur niveau d’éducation, et 30% affirment avoir été exploitées au travail. Même si la méconnaissance de la langue du pays d’accueil est la principale raison du non-emploi, 33% des femmes ne travaillent pas parce qu’elles doivent s’occuper d’enfants ou de proches âgés ou malades.
Coût de la vie : 79% des répondants, soit près de 8 sur 10, ont déclaré rencontrer des difficultés financières.
Bilan : au final, 1 réfugié ukrainien sur 3 a aujourd’hui le sentiment de faire partie de la communauté de son pays d’accueil, mais la même proportion souhaite également rentrer chez elle. Malgré toutes les difficultés identifiées par l’enquête, près de 2 réfugiés ukrainiens sur 3 se sentent optimistes quant à leur avenir.
Le directeur de la FRA, Michael O’Flaherty, conclut : « Les mesures proposées ont été conçues pour être des solutions à court terme. Nous approchons rapidement d’un état d’urgence à long terme. Cela nécessite des solutions durables pour intégrer socio-économiquement au moins une partie des personnes déplacées par la guerre. »
*Pourquoi pas la France ? Les pays retenus pour l’enquête sont ceux qui partagent une frontière terrestre avec l’Ukraine, ou qui ont accueilli le plus grand nombre de personnes déplacées, par rapport à la population totale du pays. Or la France n’héberge, par rapport à sa population, que 0,18% d’Ukrainiens, contre, par exemple, 0,28% pour l’Italie, 0,36% pour l’Espagne, 1% pour l’Allemagne et jusqu’à 4,2 pour la Pologne.
Sylvie Buy pour FranceUkraineNews
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