Un vaste mouvement social avec des grèves dans de nombreux secteurs débute ce mardi 7 mars dans toute la France. L’enjeu : faire reculer le gouvernement sur la réforme des retraites, une réforme dont le principal point de discorde est le recul de l’âge de départ de 62 à 64 ans pour le régime général. L’intersyndicale s’est promis de « mettre la France à l’arrêt ».
Ce mardi 7 mars marque déjà le sixième jour du mouvement social contre la réforme des retraites en France. La principale différence avec les cinq journée de grève précédents, qui avaient vu défiler des centaines de milliers de manifestants un peu partout dans le pays en janvier et février, c’est qu’il s’agit cette fois de grèves reconductibles. En clair : on sait qu’elles commencent ce mardi mais on ignore quand elles finiront. Sans préjuger de l’avenir, elles vont avoir un impact certain sur le quotidien des Français et sur l’économie du pays.
Un mouvement de très grand ampleur
En effet, de nombreux secteurs-clefs ont appelé à la grève. Cela a commencé dès vendredi à EDF où la section Mines et Énergie de la CGT (le 2e syndicat du pays) a annoncé que ses agents cessaient le travail, ce qui a entrainé des baisses de charge dans plusieurs centrales nucléaires. Cela s’est poursuivi ce lundi avec l’annonce d’une grève reconductible dans les raffineries, ce qui pourrait très rapidement entraîner l’arrêt des livraisons dans les stations-services et donc l’approvisionnement en carburant des automobilistes.
Au-delà de ces deux secteurs qui ont pris les devants, c’est une dynamique de très grande ampleur qui se dessine car l’intersyndicale – qui regroupe les huit principales organisations du pays (CFDT, CGT, FO, CFE-CGC, CFTC, Unsa, Solidaires, FSU) – a promis « un mouvement massif, inédit et inoubliable ». Les syndicalistes se basent sur un sondage récent qui révèle que 72% des Français sont opposés au projet de loi, contre 66% au mois de janvier.
Des grèves sont annoncées dans les transports (trains, bus, tramways, aérien) et des blocages sont à attendre sur les routes puisque les chauffeurs-routiers, dont l’âge de départ en retraite va passer de 57 à 59 ans, ont prévenu qu’ils se joindraient au mouvement en bloquant des accès ou en ralentissant la circulation. Des grèves sont également prévues dans l’industrie (aéronautique, automobile, sidérurgie, agroalimentaire, pharmaceutique), dans l’enseignement (la plupart des écoles, collèges et lycées seront fermés ce mardi) et dans la fonction publique. Au total, l’intersyndicale espère voir défiler dans les rues plus de 2 millions de personnes, ce qui serait le mouvement le plus massif depuis les grandes grèves de décembre 1995.
Débat explosif à l’Assemblée
Pour comprendre comment on est en arrivé à ce stade, il faut remonter dans le temps. Emmanuel Macron s’était fixé comme principal objectif de son deuxième quinquennat de faire passer l’âge légal de départ à la retraite de 62 à 65 ans (nb: il était passé de 60 à 62 ans en 2012) et à mettre fin aux régimes spéciaux (42 régimes spéciaux de retraite différents en fonction de la profession !). Le but : réduire le déséquilibre budgétaire, la part des pensions de retraite ayant atteint en 2021 13,8% du PIB (Produit Intérieur Brut) soit 346 milliards d’euros.
La crise du Covid a retardé ses plans et la levée de boucliers provoquée par cet objectif des 65 ans a conduit progressivement le gouvernement à revoir sa copie pour proposer un âge de départ à 64 ans pour le régime général et à céder sur toute une série d’articles de sa loi, d’abord examinée en commissions à l’Assemblée nationale en janvier, puis débattue dans le chahut par les députés entre le 6 et le 18 février. Le projet de loi est maintenant entre les mains du Sénat depuis vendredi 3 mars et les sénateurs ont jusqu’au 12 mars pour l’examiner et procéder à des amendements après vote.
En dernier ressort, selon le principe de la « navette parlementaire », le projet de loi reviendra devant l’Assemblée qui procèdera à un vote. Le gouvernement n’ayant qu’une courte majorité grâce au soutien du parti LR, sa loi pourrait alors être adoptée. Si cela n’était pas le cas, il pourrait avoir recours à l’article 49.3 de la Constitution qui permet de promulguer une loi sans vote formel. Cette disposition, si elle était prise, risquerait cependant d’être assimilée à un « passage en force » et susciter encore plus de colère dans le pays.
Christophe CARMARANS pour FranceUkraineNews
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