Une jeune femme ukrainienne, mère de deux enfants, a vu sa fille de 11ans, en 6è au collège, souffrir de harcèlement. Elle raconte :
« Un jour, vous recevez un appel de votre enfant en larmes. Vous ne comprenez rien, à part : « Maman, viens vite me chercher à l’école car deux élèves de ma classe m’embêtent »
Que faire ? Tu es une maman qui travaille, tu ne peux pas quitter ton poste, et tu n’as pas le téléphone du professeur principal, seulement le mail du collège et d’un parent délégué.
Alors tu écris des lettres aux responsables du collège et aux délégués, tu demandes que ton enfant puisse quitter le collège et rentrer à la maison s’il se sent menacé. Tu expliques aux responsables que ton enfant, qui a déjà subi la guerre, ne devrait pas, en plus, souffrir pour n’importe quoi, surtout dans un bâtiment dédié à l’éducation!Alors tu écris des lettres, tu en parles à tout le monde. C’est mon conseil : dans cette situation, il ne faut pas se taire !
Ayant envoyé ces lettres, un responsable du collège m’a expliqué que les fillettes impliquées allaient être convoquées, pour écouter la version de chacune. Mais voilà : chacune des fillettes refusait de reconnaître qu’elles harcelaient ma fille. Pour que les responsables comprennent que ma fille disait la vérité, il a fallu le témoignage d’autres élèves qui avaient vu ce qui s’est passé.
Pourquoi ma fille avait-elle été harcelée ? En discutant par la suite avec elle, j’ai fini par comprendre que tout reposait sur un problème d’incompréhension : en effet, ma fille ne connaît pas parfaitement la langue française pour s’exprimer comme les autres. Alors bien sûr, malheureusement, le comportement des élèves par rapport à ceux qui sont différents, ou étrangers, pose problème.
Il y a trois mois, l’enseignante de ma fille m’a demandé d’aller au Commissariat pour témoigner. En effet, les professeurs collectaient les dossiers sur l’une des deux « harceleuses », car ma fille n’était pas sa seule victime. Mais je n’y suis pas allée car je n’en avais pas la possibilité. De plus, je ne sais pas comment agir dans ce genre de situation pour ne faire de mal à personne !
Mais il y a une seule chose que je sais : c’est que nos enfants Ukrainiens ont les mêmes droits que les autres à être entendus et à faire leurs études en toute sécurité et dans une atmosphère normale, paisible! ». Nataliia
__________________________________________________
Comme la fille de Nataliia, 800 000 à un million d’élèves sont harcelés en France, soit entre 6 à 10 % d’entre eux !
Si votre enfant est dans ce cas, s’il subit des violences verbales (surnoms méchants, moqueries, rejets du groupe…), violences physiques, vols, ou du harcèlement sur les réseaux sociaux, par SMS ou mail (cyberharcèlement), vous pouvez :
- Prenez RV avec la direction de l’école, du collège ou du lycée. Là, exposez en détail ce que subit votre enfant. Cette fiche de repérage vous aidera à noter vos observations. Demandez quelles mesures vont être prises pour protéger votre enfant.
- Contactez un délégué de parents d’élèves (les principales fédérations sont la PEEP et la FCPE) pour réfléchir à un partenariat possible avec l’établissement pour prévenir le harcèlement.
- Vous pouvez aussi contacter :
- le 3020, gratuit depuis tous les postes, joignable de 9h à 20h. Un « référent harcèlement » de l’académie va vous écouter et vous prendre en charge.
- le 3018 (cyberharcèlement), gratuit, anonyme, confidentiel, 7 jours sur 7 de 9 h à 23 h: une équipe de psychologues, juristes et spécialistes des outils numériques, vous répondra.
- Sachez que depuis 2022, le harcèlement scolaire est puni par la loi. Son auteur est passible d’emprisonnement et de lourdes amendes. Mais les enfants de moins de 13 ans bénéficient d’une présomption de non-discernement et ne peuvent écoper que de sanctions éducatives, comme un stage de citoyenneté, avec un volet spécifique dédié au harcèlement
Sylvie Buy et Nataliia Pylypenko pour France Ukraine News
#france #information #ecole #enfants